Dossier Hayao Miyazaki, Le Château de Cagliostro

Dossier Hayao Miyazaki
Le Château de Cagliostro

Vous pensiez que la série Lupin sur Netflix avait tout réinventé ? Que depuis la série Sherlock de la BBC nous n’avions pas vu de mythe dépoussiéré aussi radicalement ? Et pourtant… Si je vous disais que près de 50 ans plus tôt un certain Monkey Punch, mangaka de profession, n’avait attendu personne pour rafraîchir l’ « aventure grand spectacle » et que c’est grâce à l’une de ses créations que Miyazaki a pu réaliser son tout premier long métrage, le croiriez-vous ? Chères lectrices, chers lecteurs, c’est avec plaisir que je vous retrouve dans ce second article du dossier consacré à Hayao Miyazaki, pour vous raconter l’histoire de Lupin IIIème du nom dans sa quête du mystérieux trésor du Château de Cagliostro…

Arrière-petit fils du grand cambrioleur Arsène Lupin lui-même (si tant est que le lien de sang soit avéré car, pour le bien du mythe, le doute est entretenu par-ci, par-là…), Lupin III a suivi la voie tracée par son ancêtre jusqu’à devenir à son tour l’un des plus grands voleurs de son époque, à savoir… la nôtre ! Et oui car s’il est né de la plume de Monkey Punch dans les années 70, ses aventures initialement papiers sont devenues animées et se poursuivent encore aujourd’hui, ravissant le cœur de toujours plus de fans à chacune de ses apparitions. Gentleman, malin, débrouillard, fin tireur et diablement cultivé, notre Lupin a toutefois pour lui, contrairement à la version de Leblanc, d’être bien plus concret : il clope, à un humour déplorable, est aussi roublard que courageux (pour ne pas dire inconscient) et en dépit de toute ses clowneries, est bien plus complexe et profond qu’il n’y parait. Et c’est précisément cet aspect ce que Miyazaki a su creuser, avec la sobriété qui lui est propre, dans son long métrage…

Résumé du film : C’est en constatant que la montagne de billets qu’ils viennent de dévaliser dans un casino sont des faux, que le célèbre cambrioleur Lupin III et son acolyte de toujours le tireur d’élite Daisuke Jigen décident de remonter la piste des faux-monnayeurs jusqu’à la province (fictive mais absolument charmante) de Cagliostro, dirigée par un sinistre Comte répondant au même nom. À peine arrivé que déjà embarqué dans une série d’événements plus rocambolesque les uns que les autres, notre jeune cambrioleur n’aura alors de cesse de percer les mystères de cette région au passé plus que trouble, et corrompue par un mal ancestral que le temps ne semble pas affecter… 

Lupin III a beau être le héros romanesque par excellence, Le Château De Cagliostro est avant tout une histoire du temps qui passe. Le temps dans sa définition la plus vaste, donne son sens à l’existence humaine. C’est avec son écoulement que nous étions, sommes, serons et ne serons plus ; et avec nous toutes nos croyances, nos coutumes, et nos vestiges. Et, que nous le voulions ou non il en sera toujours ainsi, c’est du moins ce Miyazaki nous raconte avec son film. Ce n’est pas un hasard si notre héros est un voleur au grand cœur en constante cavale dans un monde moderne globalisé et instable ; ou que notre antagoniste est un vil comte décadent cherchant à tout prix la survie d’un système aristocratique archaïque qui lui profite. Cette dualité témoigne de la volonté du réalisateur de faire un film sur un choc de génération, et de surtout faire réfléchir le spectateur à son rapport à son époque. Le film est certes parsemé de références cinématographiques et littéraires, de Grimault à Andersen, que votre œil aguerri ne manquera pas de dénicher mais c’est avant tout par ses moments suspendus qu’il brille. Par ses tableaux de douceur où l’action prend une pause, Miyazaki nous réapprend à contempler, à respirer, à regarder, à souffler le temps d’un instant.

Il y a encore mille et une choses à écrire tant Le Château De Cagliostro est un sujet passionnant, mais à ce point de l’article la meilleure chose à faire reste encore de vous inviter à voir ce film, dans l’espoir sincère qu’il saura vous séduire et vous apporter un instant de répit et de tranquillité…

Bien à vous encore et toujours,

Mattéo Feragus

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