Retour sur la 48ème cérémonie des César

AVÉ CESAR !

Crédit Photo : Bertrand Guay / AFP

Fincher et la surprise Brad Pitt, une activiste sur scène, le César enfin pour Virginie, le doublé de Benoît, les doux magnétos pour Godard et Trintignant, les tatouages de Bouli Lanners… Une cérémonie joyeuse et au rythme enlevé pour cette année 2023, qui innove en proposant pour la première fois une présentation collective très sympathique.

On ne va pas se le cacher, c’est loin d’être transcendant les César : au fond c’est juste un concentré d’acteurs et de personnalités du milieu du cinéma, entassés dans une salle à Paris, un soir par an. Une enveloppe est ouverte, un nom est annoncé, un vainqueur se lève, prononce son discours, et retourne s’asseoir avec sa statuette. Tout ça pour récompenser les films de l’année. Et tout ça pendant trois heures.

            Alors d’où nous vient cet engouement pour ce rituel d’ouvertures d’enveloppes annuel ? Oui on râle tous les ans sur l’entre-soi de l’Académie, les mêmes noms qui tournent d’une année à l’autre dans les nominations, les trois heures de cérémonie interminable… Mais au fond on l’aime ce rendez-vous. On l’aime comme le repas de Noël chez Mamie : ça revient tous les ans, ça va être long, parfois un peu chiant ou gênant à cause d’une blague de Tonton, mais au fond on est content d’y être et d’avoir revu tout le monde. Parce qu’on aime tous ces gens qui ouvrent les enveloppes et les noms qu’il y a à l’intérieur. On aime entendre le nom de son acteur.rice préféré.e récompensé.e, entendre la voix off qui retrace son parcours en 10 secondes top chrono pendant qu’on le/la voit monter sur scène puis écouter son discours (et surtout s’enflammer devant sa télé quand c’est notre chouchou.te).

            Après bien sûr il y a les habitués, ceux qui en reçoivent quatre lors de la même cérémonie et qui s’excusent devant le public de trop monter sur scène pendant la soirée (coucou Guillaume !)… Il y a également les éternels perdants qui obtiennent enfin le précieux sésame. C’est vrai qu’on rouspète quand on découvre les nominations en janvier : « Roh encore elle, elle est nommée tous les ans… » mais quand c’est enfin le nom de Virginie sur l’enveloppe, c’est la fête devant la télé (les supporteurs de foot peuvent aller se rhabiller face à tant d’ambiance).

            C’est peut-être ça qu’on préfère en fait : l’émotion. Car on aime précisément le cinéma pour ça. Pour tout ce panel d’émotions que ce médium nous offre sans modération et sans compromis. Le cinéma est une fête et cet élan nous envahit parfois tant qu’il est venu cette année contaminer le sketch introduisant le Prix du Scénario : « recommencer, effacer, déchirer, se faire voler ses idées, travailler le jour la nuit les week-ends, boire, fumer, arrêter de fumer, reprendre, travailler chez soi, ne pas avoir le temps de manger bien, grossir à vue d’œil, se faire des cheveux, se prendre la tête, être chauve presque, avoir les dents jaunes de stress, le teint gris d’insomnie, être surpris d’un découvert, tu veux pas une petite bière, t’as pas un flingue plutôt, travailler, écrire des histoires, s’en raconter pas mal, cris, doutes, pleurs, plumes : on fait le film ! ». Cette tirade prononcée par Audrey Lamy et Alex Lutz explose et résonne en chacun.e, tout comme a pu le faire récemment la séquence finale du dernier film de Damien Chazelle Babylon.

Impossible de clore cet article sans poser la même question que Virginie Efira lors de son discours après avoir reçu le César de la meilleure Actrice : Où sont les réalisatrices ? Chère Académie, tu nous en dois une pour 2024 : pourquoi pas un cru 100% féminin après le 100% masculin de cette année ? Chiche ? A l’année prochaine.

Un article écrit par Manon Hardy.