Entretien avec Antoine Galpin et Guillaume Crépinior

Interview des réalisateurs des Aventures Ordinaires, d'anciens participants d'Objectif Censier

Nous sommes allées à la rencontre d’une ancienne équipe d’Objectif Censier : Antoine Galpin et Guillaume Crépinior. Ils sont revenus avec nous sur leur parcours, leur expérience du festival en 2016 et surtout, sur leur dernier film : Les Aventures Ordinaires qui a été projeté le 19 janvier à l’UGC Roxane.

PARCOURS PERSONNEL

Quel a été votre parcours après la licence ?

Guillaume : j’ai fait l’ESEC un an après avoir quitté la fac, un an en cursus global et un an en documentaire, par choix parce que ça m’intéresse et parce qu’en termes de tournage c’est plus léger.

Antoine : moi j’ai fait un DHEC à l’ESRA en scénario et réalisation, 2 ans après la fac (en 2020/2022) un peu plus tard que Guillaume. L’école c’est très différent de la fac, c’est plus pratique mais on dit toujours qu’heureusement qu’il y a eu Objectif Censier à la fac pour pouvoir créer un projet, faire de la pratique. Il y a une autonomie super chouette avec la fac.

Comment est né votre duo ?

On s’est rencontrés à Censier en première année et on a vraiment créé une amitié forte. Avoir fait Objectif Censier ensemble nous a encore plus rapprochés. Même si c’est la première fois qu’on travaille ensemble sur un long métrage.

On a vraiment une sensibilité similaire, nos choix passent par la discussion. S’il y a des désaccords on en parle et, bien sûr, on fait des compromis si jamais il y a quelque chose qui tient vraiment à cœur à l’autre, par exemple une prise qu’il veut absolument garder, on se dit que c’est pour une bonne raison.

Chacun monte chaque scène de son côté, on a deux versions et après on fait des retours sur chacune des scènes et on prend le meilleur des deux. Pour le montage global des scènes on le fait ensemble. 

OBJECTIF CENSIER

Aviez-vous entendu parler d’Objectif Censier avant la L3 ? Et y étiez-vous allé avant de faire un film ? 

Oui, on en avait entendu parler et on se disait que c’était trop cool de le faire. Globalement c’était une super expérience, on était 5 avec des étudiantes en échange. C’était super enrichissant de se retrouver avec des gens d’horizons très différents et de pouvoir créer un film ensemble. (On a même fait tourner un professeur de la fac : François Thomas).

D’ailleurs c’est drôle parce que notre film d’Objectif Censier est complètement différent des Aventures Ordinaires.

Cette année, Objectif Censier a organisé un atelier son. Dans le cadre de cet atelier nous nous demandions comment vous avez fait pour les prises de son ? 

Pour le son c’est un peu un miracle. On utilisait le micro posé sur la caméra, ce qui nous a contraint dans notre manière de filmer. Il était impossible de faire des plans larges avec les comédiens qui parlaient très loin de la caméra.

On a fait quand même un remixage du son même si on n’avait aucune formation dans ça.

Et le truc un peu compliqué c’est que nous, on travaillait sur un ordinateur avec un système son qui était complètement différent de celui de la salle de projection. 

FILM

Comment s’est passée la réalisation du film ?

On a tout fait à deux, il y a seulement deux séquences où nous apparaissons tous les deux à l’image. Donc, à ce moment-là, nous avions de l’aide au cadre. 

D’où vous est venue cette idée de tourner Les Aventures Ordinaires ? Est-ce une idée de l’un de vous deux ?

Durant l’été, moi (Guillaume) j’avais envie de tourner et je me demandais ce qu’on pouvait faire. Notre point de départ c’était vraiment le casting. On connaissait Sophie, Maud et Léa qui étaient aspirantes comédiennes. Jessie et Louis étaient des amis d’enfance à moi (Antoine). Autour de ces acteurs on a construit une histoire. Parce que dans notre démarche de faire un film naturaliste on cherchait des comédiens qui n’étaient pas totalement professionnels pour ajouter au réalisme.

Comment s’est déroulé le tournage ?  

On a eu l’idée et deux semaines plus tard on a commencé à écrire. Le film est tourné en 4 fois :  l’été et l’hiver 2021 puis 2022, entre temps on montait les prises déjà tournées. D’ailleurs, je crois que le dernier plan a été tourné il y a un an pile (s’amuse Antoine). 

On savait dès le départ qu’il y aurait une partie été et une partie hiver. Au départ le film devait se tourner sur une année mais, après avoir tourné en 2021, on n’avait pas fini de dire tout ce qu’on avait à dire, donc on a continué.

La musique a été terminée deux semaines avant la projection.

Quelles ont été vos inspirations ?

La base de notre idée est venue après avoir regardé une web-série qui s’appelle La Vie Douce sur YouTube, on avait envie de tester de faire un film très naturel, naturaliste.

Nos références en termes de réalisateur, ce sont toujours Abdellatif Kechiche, Éric Rohmer et Guillaume Brac, mais aussi des réalisateurs américains comme Richard Linklater avec la trilogie des Before et John Cassavetes. C’est vraiment un cinéma tourné sur l’acteur.

Le film dans la manière dont celui-ci est tourné  a un lien très proche avec le documentaire, des fois dans le film on retrouve même des moments de documentaire.

L’histoire est bien sûr aussi inspirée de ce qu’on a partiellement vécu ou que des gens qu’on connaît ont vécu.

Nous avons aussi basé Les Aventures Ordinaires sur de la semi improvisation. En effet, on avait écrit la trame mais pas vraiment le dialogue à part pour des phrases vraiment importantes qu’on voulait absolument qu’ils disent. On trouvait la scène au fur et à mesure. Mais il y avait aussi un risque de casser le côté naturel si on refaisait la scène trop de fois.

Ce n’était pas trop compliqué de jouer et diriger en même temps ?

En fait, comme on l’a dit juste avant, il n’y a presque pas de scènes où on est tous les deux à l’écran donc quand l’un de nous deux joue l’autre dirige. On fait vraiment confiance à la vision et au choix de l’autre à ce moment-là. 

Quelle démarche avez vous entrepris pour être projeté dans un UGC ?

Pour la projection c’est vraiment un coup de chance, parce que Guillaume vient de Versailles et il connaissait le cinéma UGC Roxane.  On est passé par une association cinéphile, pas par UGC directement. Notre but c’est que ce soit projeté ailleurs mais c’est à nous de faire toutes les démarches.

Comment avez-vous procédé pour constituer le budget du film ?

On n’est pas allés chercher des financements, l’argent qu’on a mis dans le film c’est principalement sur la location du matériel : la caméra et l’accroche épaule, parce que presque tous les plans sont filmés à l’épaule. 

Avez-vous d’autres projets par la suite ?

On peut vous dire qu’on est en train de finaliser un court métrage des Aventures Ordinaires. On a extrait 20 minutes du film pour créer une nouvelle trame. Suite à des conversations avec des professionnels et des professeurs après la projection, on a retenu que c’était beaucoup plus facile en termes d’exploitation d’avoir un format court. Pour pouvoir participer à des festivals et aussi en termes de stratégie de carrière c’est plus pratique comme tremplin. Ça se concentrera sur l’histoire de Sophie durant l’été, parce qu’elle semble faire l’unanimité, les spectateurs s’identifient facilement à elle et son histoire.

On écrit aussi un deuxième long métrage mais cette fois-ci avec un schéma classique de production. Toujours dans le même style que Les Aventures Ordinaires. 

Et on aimerait bien peut-être faire une projection à la fac devant des étudiants de la Sorbonne Nouvelle.

Pour retrouver la bande annonce des Aventures Ordinaires d’Antoine Galpin et Guillaume Crépinior, c’est par ici ! 

Un article écrit par Lucile Geay et Louise Limosin.

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