Interview Zone Blanche

Interview Zone Blanche, Apolline Bezançon et Leonora Schlünz

Apolline Bezançon et Leonora Schlünz, étudiantes en double licence 3 de théâtre-cinéma, ont rejoint initialement l’atelier “Fiction de variété” mené par Pascal-Alex Vincent. Elles ont pu y développer leur projet de court-métrage, issu de leurs idées communes et d’une belle amitié.

Questions générales

Pouvez-vous vous présenter un peu à nos lecteurs? Quelle a été votre expérience dans la création audiovisuelle avant ce projet? 

 

Nous sommes Apolline et Leonora, deux passionnées de cinéma depuis l’enfance ! Cela fait maintenant un moment que nous avions envie de partager cette passion et c’est ce que nous avons essayé de faire avec Zone Blanche. Individuellement, nous avions déjà réalisé quelques courts-métrages ou clip vidéo, mais jamais dans le cadre d’un festival, ce qui a été une très belle expérience et opportunité ! 

 

Pourquoi avoir décidé de participer à l’atelier dans lequel vous avez été? Pouvez-vous nous faire une petite description de son fonctionnement et de son intérêt? Qu’avez-vous pensé du thème Bouche Cousue (inspiration, difficultés, ressource de création, etc.)? En quoi a consisté l’échange que vous avez eu avec le.la professeur chargé de votre atelier, durant toute la construction de votre court-métrage et à sa sortie? 

 

L’atelier “Fiction de variété” était celui qui nous appelait le plus, sûrement parce que les fictions permettent de transmettre des idées et émotions à travers des histoires et c’est justement ce qui nous a toujours fascinées. Avec Zone Blanche, nous avions l’opportunité d’inventer librement et, à travers le prisme de cette fiction, questionner le monde dans lequel nous vivons. 

Le thème “Bouche Cousue” était pour nous un point de départ inspirant qui a permis de nous orienter tout en nous laissant de grandes libertés d’interprétation. 

Pascal-Alex Vincent a pu nous aider notamment pour l’écriture de notre scénario. Il a toujours été très réaliste et cela nous a permis de garder un pied sur terre. Lors du montage, il a regardé des séquences et nous a conseillées. Ce qui était agréable, c’était la confiance qu’il nous a accordé; nous étions donc aussi très autonomes. 

 

D’où le sujet du film vous est-il venu? Avez-vous écrit le scénario en groupe ou seul.e?

 

Le sujet du film nous est venu grâce au thème de “Bouche Cousue”, et parce nous avions envie justement d’en faire une réflexion sur notre société, de montrer que l’art est quelque chose d’essentiel, de vital. Peut-être qu’inconsciemment cette idée vient aussi de ces longues périodes de confinement, où l’art et la culture ont beaucoup souffert, car ce n’était alors pas perçu comme quelque chose de primordial. Il semblait important de rendre hommage en quelques sortes à l’art et de montrer la chance que nous avons de pouvoir en faire. 

Nous avons écrit le scénario ensemble (Apolline et Leonora).

Décrivez-nous le casting, les repérages, le prêt/l’achat de matériel, etc. En bref, la préparation du tournage

 

La préparation du tournage de Zone Blanche a été assez longue et compliquée, car nous avions besoin de beaucoup de costumes, figurants, et lieux différents. Grâce à l’aide précieuse d’Hugo (Muniglia) nous avons, après de longues journées de repérage, pu trouver les lieux qui correspondaient bien à cette société dystopique. Charlotte (Barreau) nous a aidées à trouver les combinaisons blanches, ce qui n’a pas été facile non plus ! Nous avions un projet ambitieux, mais grâce à notre super équipe et l’aide financière de nos proches nous avons réussi à mettre en scène tout ça ! 

 

A la suite du tournage, comment se sont déroulés étalonnage/montage/création des pièces administratives,…? 

 

Nous avons passé de longues journées en salle de montage (bien plus que ce que nous avions imaginé pour un court-métrage de 5 minutes !). Mais mettre notre projet en forme était très passionnant et satisfaisant ! 

 

Quelles étaient vos tâches avant, pendant et après le tournage? Quelles difficultés avez-vous rencontrées durant la création de votre projet? 

 

Avant le tournage, nous avons réfléchi à une histoire, écrit le pitch, puis le scénario. Ensuite nous avons fait le dépouillement, les repérages, et l’achat de tout le matériel nécessaire. Nous avons créé un compte Instagram pour la communication, et une cagnotte pour les aides financières. 

Nous avons ensuite organisé les journées de tournage, contacté les figurants, et préparé les feuilles de services. 

Pendant le tournage, nous avons travaillé avec notre équipe, géré l’organisation des figurants et joué dans le court-métrage. Ce qui a beaucoup allégé notre charge de travail, c’est la confiance que nous avons porté à Hugo, notre chef opérateur et son assistante image Manon (Cribellier), qui ont fait un travail incroyable. 

Après le tournage nous avons fait le dérushage, le montage et l’étalonnage.

 

Nous avons rencontré des difficultés pour l’organisation des journées de tournage et surtout pour les lieux de tournage. Le lieu de la cave était très compliqué à trouver ! 

 

Y a-t-il un secret ou un détail à propos du film que tu veux nous dévoiler? 

 

Nous avons eu la confirmation du tournage dans la cave la vieille du tournage, dans la cave… Autant dire que nous étions très angoissées ! 

 

Quel souvenir gardez-vous du festival ? (en tant que spectateur.trice et comme participant.e dans la présentation d’un film)

 

Nous gardons un magnifique souvenir du festival. L’organisation a été incroyable et nous sommes très reconnaissantes ! Nous avons aussi été impressionnées par la qualité des autres courts-métrages et c’était un plaisir d’enfin pouvoir découvrir le travail des autres équipes. Même si c’était très angoissant de voir son propre film devant un public, nous sommes très heureuses d’avoir eu cette opportunité, c’était un super moment de partage !

Spécifiques

Vous aviez décidé que le lieu dans lequel les habitants de cette dystopie se retrouvaient était une sorte de repère d’artistes. Pourquoi ce choix d’un espace de pensée et de création pour découdre son discours? 

 

Nous avons choisi l’espace de la cave, car il fallait trouver un endroit caché, dans lequel les réseaux de surveillance ne passeraient pas. On a immédiatement pensé à un lieu souterrain, et une cave s’y prêtait le mieux ! Ce choix de lieu était donc pour rendre compte de la nécessité que représentait l’espace de création, d’expression et de pensée dans un monde où tout cela n’existerait pas. 

 

Vous avez formé un binôme de réalisation et de jeu. Pouvez-vous nous parler un peu plus de ce tandem avant et pendant le tournage, durant le montage et lors du festival? 

 

Nous avons fait toutes les étapes de la création de ce film à deux, ce qui permettait à la fois de se répartir la charge de travail, mais aussi d’avoir un autre avis, un autre regard, un conseiller et une amie dans les moments où on y voit moins clair. Nous avons la chance d’être très complémentaires, nous aimons nous occuper de choses différentes ce qui est très agréable dans la répartition des tâches ! Dans toutes les étapes de la création, cela nous a beaucoup aidé d’avoir ce soutien mutuel. 

 

Votre film est en noir et blanc sauf dans cet espace souterrain et caché. D’où ce choix vous est-il venu? Que fait-il ressortir sur les enjeux du lieu selon vous? 

 

Il nous fallait une ambiance froide pour la partie en extérieur, nous avions d’abord pensé à un étalonnage dans des tons bleutés. Ce qui était sûr depuis le début, c’est que nous avions envie de créer un réel contraste entre ces deux espaces. Petit à petit, nous avions envie de le pousser encore plus loin, et l’idée du noir et blanc nous est venue. Le monde de l’art était pour nous forcément coloré ; grâce au magnifique éclairage de Clémence (Pétard) nous y sommes parvenus. 

Ce que nous avions envie de créer, c’est un changement à deux niveaux : extérieur et intérieur. Extérieur, car un monde sans art est un monde sans couleurs, la ville reste froide, personne ne peut s’exprimer librement. Et intérieurement, le personnage de Leïla (incarné par Leonora) revit lorsqu’elle découvre ce monde souterrain. C’est aussi ce sentiment que nous avions envie de représenter par la couleur. C’est la vie qui reprend. 

 

Les inspirations, la musique: par rapport au thème du festival de cette année, que pouvez-vous nous dire de votre travail sur le son dans votre court-métrage? 

 

Comme nous étions dans l’atelier fictions de variétés, nous avions une chanson imposée parmi plusieurs. C’est ce qui justifie le choix de “Kick The Door” pendant la scène de la cave. Il fallait une musique qui bouge pour danser et rythmer la bande sonore. Le jazz nous est venu ensuite, car c’était un beau moyen de rentrer doucement dans ce nouvel espace, dans lequel tous les styles de musique sont les bienvenus. La création de l’univers sonore du monde dystopique est ce qui a été le plus difficile à faire. Nous avons fait un mélange entre les sons enregistrés sur le tournage par notre ingénieur son hors pair, Emile (Audap), et des sons rajoutés en post-production. Il fallait trouver des sons de pas, les synchroniser avec ceux qu’on voit à l’image, et trouver un son d’ambiance inquiétant à mettre en continu sur les images. Finalement nous avons trouvé le son d’ambiance de la planète Jupiter qui s’y prêtait plutôt bien ! 

Entretien (écrit) conçu et mené par Océane Boyadjian, Romain Dubourg-Ramy et Isaline Riet–Lesieur.

1 thought on “Interview Zone Blanche

  1. Thierry Aue says:

    Magnifique film ! En quelques minutes nous sommes plongés dans cette atmosphère étrange grâce aux cadrages originaux, aux acteurs et actrices et aux lieux si bien choisis. Tout cela avec une belle économie de moyens. Leonora et Apolline ont un bel avenir cinématografique devant elles !

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