Retours d’expériences des équipes

(Photographie de Chiara Zanzi) 

Afin de célébrer encore les tournages et le festival, nous avons décidé de donner la parole aux équipes des films de la 14ème édition. Nous leur avons demandé de nous écrire une anecdote ou bien un élément à mettre en lumière à propos de leur tournage et/ou du festival. Grâce à celles et ceux qui auront pris le temps de l’écriture, nous créons ensemble une mémoire de cette expérience individuelle d’abord, et commune lors des soirées festivalières, qui n’est qu’au départ de beaucoup d’autres belles créations de leur part. Encore bravo! 

L’élaboration du court-métrage

Episode 13: la boscanné Adrien JOVELIN (création du projet, scénario, renfort tournage, aide dérushage)  

Je pense au tournage, vraiment atypique et éprouvant. Mais je pense aussi à la première séance de montage avec Emile (Rannou) où j’ai découvert les rushs pour la première fois. Ce moment où j’ai vu que notre film prenait vie. 

Sidération –  Noémie TAIEB (réalisation) 

On avait tourné de nuit, l’appartement ne nous permettant pas de faire un day for night et on avait tourné les scènes de soirée au début afin de pas retenir les figurants trop tard et de limiter le bruit.

On finit de tourner à minuit pile et une bonne demi-heure plus tard, alors que je venais de finir de ranger, le voisin du dessous déboule dans le salon et commence à me prendre à partie « qu’est ce que c’est que ce bordel ? C’est comme ça toutes les semaines ». Je lui réponds que j’en suis désolée mais que je ne vis pas ici. Vincent, le locataire, arrive et le voisin lui fait le même numéro, faut pas l’énerver etc. Il essaye aussi de provoquer un figurant resté filer un coup de main « pourquoi tu me regardes comme ça, tu veux te battre ? » puis il continue à nous invectiver, comme quoi « la prochaine fois, ça servira à rien d’appeler la police, il va venir saccager l’appart et nous trancher la gorge ».

Les deux locataires sont allés déposer une main courante et ne l’ont pas revu depuis. 

Éco-Logique –  Loris ALDEBERT (réalisation, scénario, photographie, montage) 

Un souvenir à propos du projet… y’en a beaucoup, mais je pense que ce que j’en retiendrais c’est notre fou rire, en pleine prise, parce que nos acteurs improvisaient et étaient vraiment, vraiment très drôle dans le contexte. Je tenais la caméra et on a gardé cette prise au montage, le plan tremblote et on m’entend rire au son, mais le dialogue était trop parfait pour prendre autre chose… mais pour voir tout ça faudra re-regarder le film

Aurores –  John-Samuel LADOUCE (son)

Déjà pour commencer, beaucoup nous ont donné un retour positif sur le son, genre ils pensent qu’on avait une super mixette avec un micro Sennheiser… alors qu’en vrai j’avais jamais pris de son de ma vie, j’ai regardé sur youtube la veille de l’entretien avec les femmes de ménage comment utiliser le zoom H1 qui appartient à Lucile et qu’on avait jaaaamais utilisé (c’est super long comme phrase dsl).

Du coup j’avais un micro Rode genre celui de base qui coûte à peu près 30 euros sur Amazon, j’lai branché à la mixette avec un câble jack et j’écoutais avec des écouteurs. Pour la perche… c’est un manche à balai sur lequel le câble a été scotché au gaffeur. 

Tout ça pour dire qu’avec pas grand chose, on peut faire beaucoup ! (perche de fortune que l’on peut voir sur l’image ci-jointe. Attention cette photo n’a pas été prise pendant Aurores mais c’est la seule photo que j’ai. Petite amélioration depuis Aurores, il y a un casque !)

Pour les bruitages, un jour j’ai mangé avec Teri (Kone) et il me disait « tiens ça serait marrant un jour de faire des bruitages pour un dessin animé ». Faut savoir que depuis le début de l’année scolaire, à chaque projet, dès qu’il manque quelqu’un c’est Teri qu’on appelle avec mon équipe parce qu’il est vraiment disponible TOUT LE TEMPS et à n’importe quelle heure. 

Du coup j’lui réponds « ça tombe bien puisqu’il faut qu’on fasse des bruitages pour Aurores« . Et il a dit okay okay pas de souci, sauf que le mec il pensait pas que j’étais sérieux jusqu’à ce que je me ramène un dimanche aprem avec tout mon matos pendant sa sieste . Il commence à dire dans quoi je l’ai encore embarqué sans lui demander son avis… et le soir de la cérémonie où on gagne 3 prix il me remercie de l’avoir embarqué là dedans sans lui avoir demandé son avis.

Du coup c’est carrément un monde parallèle entre le pôle image et le pôle son, et même si on a eu pas mal de soucis (surtout en post prod), ça reste un assez bon souvenir si on se concentre sur les choses positives. Je pense que la conception de notre projet a été bien différente des autres tournages et c’était assez sympa de participer au triple lauréat de Objectif Censier

C’était un honneur pour moi de bosser avec Lucile (Jancic) et Jeanne (Guillaume), elles sont vraiment surdouées et je pense qu’elles sont probablement de la même race que Tarantino ou Nolan parce que chacunes de leurs idées sont incroyables. Super fier d’avoir mon nom associé à côté des leurs et super fier de ces 3 prix ! 

Salim – Valentine BOUGE (Assistanat à la décoration) 

Les scènes tournées dans le « commissariat » en Syrie ont été tournées dans un bureau de la fac, que nous avons passé plusieurs heures à salir, du sol aux murs, avec de la terre mélangée à de l’eau, du fusain ou encore de la poudre blanche utilisée normalement pour faire du ménage. Mais surtout, nous avons passé beaucoup de temps à nettoyer, environ 3 heures de nettoyage intense. Mais ça valait le coup, car la salle était méconnaissable une fois salie !

 

Episode 13: la boscanné – Julien KOKINOS (acting, renfort tournage)  

Le tournage à la Boscanné fut une expérience enrichissante dans le sens où le projet était filmé dans des conditions particulières. Entre pluie, gadoue, vent et froid : tout ce que l’on peut s’imaginer lors du visionnage du court-métrage existait en réalité. Je me rappelle encore voir des membres de l’équipe tenir un parapluie au-dessus de la lumière tandis qu’une autre tenait le sien au-dessus de celui qui protégeait son pote et ainsi de suite … C’était agréable de rencontrer des personnes dans ces conditions puisqu’on a instinctivement l’envie de se donner à fond et de participer au maximum. Personnellement je faisais le tueur et devoir être menaçant avec un masque me cachant la vue ce n’était pas évident mais c’était très amusant. Dans une séquence je devais m’éloigner du personnage principal et je n’avais en réalité aucune idée d’où je marchais. Mais c’est rassurant de voir lors de la projection en festival que ces détails ne sont qu’à peine visibles et que les gens prennent du plaisir à visionner le film d’Emile et Adrien.

 

L’Attache – Emile AUDAP (réalisation, scénario, montage)

La phase la plus chaotique du projet fut celle de la conception. Je ne savais pas réellement comment rendre ce pitch de l’amant jaloux intéressant. Beaucoup de tracas, et surtout avant le tournage, où on ne sait pas vraiment comment tout va se passer. On est excité, mais on a aussi peur de réaliser ce projet, dont on voit les nombreux défauts. Néanmoins, le tournage fut sans réelles encombres, en grande partie dû à la super assistante-réal, Zelli (DECAIX). Tout le monde fut à l’heure, on tourna quasi-exclusivement tous les plans comme je les avais imaginés. Pour la partie en “split-screen”, je n’avais pas réellement pensé qu’il faudrait chronométrer à la seconde près, pour que tout soit raccord, mais c’est ce qu’on fait brillamment Manon (Cribellier) et Hugo (Muniglia-Raynal), qui étaient scriptes et géraient les nombreux figurants. C’est pour cela qu’au montage, cette partie “split-screen” s’emboîta toute seule, elle allait de soi. Comme tout s’est vraiment bien passé, je n’ai pas réellement d’anecdote amusante à raconter. La seule qui me vient en tête fut avec le régisseur, Yvon (Debladis). Lors de séquence de la soirée, qu’on tournait en premier, il y avait beaucoup de monde, on était environ 40 dans un appartement. La régie devait être conséquente, et comme j’autofinançais le court-métrage, Yvon allait faire les courses, je lui avais dit que je le rembourserais. J’étais financeur, mais cela ne veut pas dire que j’avais beaucoup de finances. Voilà qu’Yvon arrive avec 80€ de courses, uniquement pour cette journée de tournage. Yvon, je t’aime, mais là, il avait trop bien mis les figurants et techniciens, jusqu’à à acheter des énormes packs de bouteilles d’eau, alors qu’il y avait l’eau courante au robinet ! On en rigole encore aujourd’hui, de cette dialectique producteur qui veut au maximum faire des économies, et du régisseur à qui on n’a pas fixé de limite budgétaire. Cela a sans doute, néanmoins, joué au bon déroulement du tournage, donc merci quand même Yvon ! 

Le festival

Aurores – Jeanne GUILLAUME (réalisation, scénario, montage, animation) 

Le festival Objectif Censier a réuni notre licence d’une manière touchante. Le souvenir qui me vient le plus souvent à l’esprit a été de sentir cette bienveillance envers les uns et les autres. Cela a été vraiment émouvant de voir chacune des têtes qui nous ont accompagné ces 3 dernières années et qu’on aurait aimé connaître davantage. Un vrai esprit de colonie de vacances et d’innocence qui sonnait comme la fin d’une ère qu’on aurait partagé. Voir de nos propres yeux ce que chacun a été capable de produire à provoqué un grand sentiment de fierté et me donne envie de savoir ce que chacun deviendra. Je sais que lorsque je me remémorerai la fin de ma licence c’est ce sentiment qui me reviendra.

Éco-Logique –  Loris

Le meilleur souvenir que j’en ai c’est de découvrir l’amphi avec tout le public, toute l’équipe, tous vos beaux habits et vos décos, c’était incroyable on se croyait à Cannes et ça donne vraiment envie de faire des films plus tard.

 

Aurores – Teri KONE (bruitages) 

J’ai travaillé sur Aurores en tant que bruiteur, c’est la première fois que je travaille sur un court métrage documentaire et animation.

J’ai particulièrement apprécié l’ambiance d’objectif Censier , l’enthousiasme et l’organisation de ce festival. C’était un moment très agréable de pouvoir découvrir autant de courts-métrages, tous différents et passionnants, mais aussi d’échanger avec les différentes équipes. Cette compétition qui poussait tout le monde à se surpasser et aborder le sujet « bouche cousue » comme ils l’entendaient. Je remercie toute l’équipe du festival d’avoir rendu cette expérience mémorable.

 

Episode 13: la boscanné Adrien

Toute cette liesse dans l’amphi qui accueillait le festival. L’un des plus beaux moments vécus à la fac. 

 

L’Attache – Emile A. 

Concernant le festival, c’était vraiment un beau moment avec tous les copains de la promotion. On entendait parler depuis le début, de quelques pitches de films, et quel plaisir c’était de les découvrir, tous ensemble dans cet amphithéâtre. Personnellement, il y avait aussi ma famille qui était venue, et c’est plaisant de voir la fierté de ses proches. Je n’ai pu être là qu’au premier jour de diffusion, et pas au second, alors mes retours seront uniquement sur cette journée. Je crois qu’il y a eu plus d’activités le deuxième jour, avec les remises de trophées, mais le premier jour était assez émouvant, de (re)voir tous les collaborateurs du film être ici pour la diffusion. C’est super d’avoir pensé à un stand pour prendre des photos, avant le festival, on s’en souviendra toujours. Tout le monde était beau (surtout Virgile dans son costume bleu), on avait vraiment l’impression d’une cérémonie sérieuse, le festival était la meilleure façon de “clôturer” ces trois années de licence, et c’est pour ça que je remercie l’équipe du festival d’Objectif Censier, qui a tout fait pour donner un excellent contexte de diffusion de nos films.

 

Muet comme une carpe – Tom DODEY (réalisation, scénario, montage, composition musicale)

Notre film était projeté le premier soir du festival. Tout le monde avait hâte de pouvoir enfin partager son travail avec tous ceux qui avaient pu vivre des expériences plus ou moins similaires ces dernières semaines. L’idée que ce qui était il y a encore quelques mois une simple idée sur un coin de feuille de cours soit projetée devant d’autres personnes était un sentiment irréel. Lorsque les premières notes de piano de l’introduction du film ont résonné dans l’amphithéâtre, il me semble avoir fondu sur l’épaule de Romane (Parrado). Toute la pression accumulée s’évaporait enfin dans un mélange de joie de pouvoir enfin partager le film et de tristesse de le laisser s’en aller un peu à d’autres.

 

Episode 13: la boscanné – Emile RANNOU (réalisation, scénario, montage) 

Voir le film en grand écran dans l’amphi B, c’était un moment très fort! La boscanné, c’est du film d’horreur à la française. C’est assez rare, et, d’une manière générale, il y a beaucoup de chance pour que ça ne passe pas auprès du public. En revanche, j’ai été heureux d’entendre un silence attentif durant la projection. Lorsque le film s’est fini, les applaudissements avaient quelque chose de réconfortant. En un sens, j’ai eu l’impression qu’un truc s’était passé, et que, ce film, le public l’a reçu! 

Un concept et un recueil de témoignages d’Isaline Riet–Lesieur