Compte rendu de l'Atelier Scénario
Cette 14e édition d’Objectif Censier marquée par les couleurs du thème Bouche cousue n’a pas manqué d’inspirer les scénarios des étudiants participants au festival de courts métrages. Chaque année, la belle équipe d’Objectif Censier organise un atelier scénario, l’occasion pour les étudiants d’échanger avec des professionnels sur leurs premières versions de scénario. Cette année, les professionnels n’ont pas manqué à l’appel pour accueillir les étudiants et leurs scénarios avec bienveillance.
Les débuts ne sont jamais simples. Une page blanche qui voit défiler les heures, la relecture des premiers jets qui fragilise progressivement la confiance en soi, vos intervenants l’ont eux aussi connu. Guillaume Collet, scénariste et écrivain, soutient les faux pas qui permettent l’évolution d’un scénario “Un scénario ne doit pas être beau à lire, c’est une étape de travail avant le tournage”. La scénariste et enseignante en scénario Eurydice da Silva, parle librement de l’inconfort de la rédaction et l’importance d’être à l’aise avec le bousculement d’un idéal « Il ne faut surtout pas avoir honte de ce qu’on a écrit ». Aussi, les premiers pas dans la construction narrative du scénario est tout aussi important que sa mise en page. La note d’intention, à ne pas confondre avec une explication et ou un résumé du scénario, va permettre de rencontrer les personnes uniques qui ont fait jaillir le scénario. La durée choisie par le festival n’épargne pas les jeunes scénaristes qui devront en cinq minutes, installer une atmosphère, un rythme et des personnages tout en travaillant l’intention. Cinq minutes pour faire voyager le spectateur dans votre univers. Mais comment exceller dans l’écriture d’un début et d’une fin sans deus ex machina?
Les intervenants n’ont pas manqué d’évoquer l’importance dans la précision de l’enjeu principal. Jeremy Abitbol (scénariste, acteur et producteur) pointe l’importance dans la construction d’un conflit doit être détaillé dans toutes ses subtilités. Marquer la caractérisation des personnages ou d’une voix-off, va permettre d’appréhender le tournage avec une plus grande liberté et permettre de plus grandes possibilités dans la mise en scène. En effet, rendre empathique un personnage et lui donner un objectif concret va aider l’immersion et le processus d’identification du spectateur. “C’est très important d’avoir un conflit dans une œuvre cinématographique : mais attention à trouver une vraie cause de conflit et non pas d’écrire au fil de la plume, il faut de l’évolution” nous partage Eurydice da Silva. Les premières interrogations des scénaristes doivent s’imprégner des intentions voulues et du discours prégnant du sujet: quel discours voulez-vous mener? Guillaume Collet met en garde le risque du dessin d’un scénario engagé qui peut facilement contrarier le propos plutôt que de l’insuffler “Le danger quand on a un propos fort, c’est de s’y enfermer” nous explique l’écrivain. L’ouverture des perspectives dans un scénario est alors fondamentale !
Nicolas Boulenger (scénariste, réalisateur et lecteur de scénario à la Maison du Film) rappelle que l’intelligibilité d’un court-métrage réside d’abord dans la clarté d’un scénario “Dans un scénario de court métrage chaque ligne a son importance ». Le scénariste, producteur et lecteur à la Maison du Film, ne manque pas de rappeler que l’ambiance d’un court-métrage doit être installée dès les vingt premières secondes pour permettre au spectateur de s’immiscer le plus tôt possible dans la narration. Si l’écriture des dialogues peut paraître laborieuse, parfois maladroite, un scénario peut tout aussi bien en être dispensé. Les images sont elles-mêmes évocatrices de l’atmosphère dans lequel les personnages évoluent. En prêtant attention aux éléments de décors, de lumières ou sonores, un scénario va permettre de saisir en amont l’ambiance qui s’exprimera bientôt à travers la caméra. Au côté des scénaristes expérimentaux, Lucie Pagès (scénariste et lectrice de scénario pour Studio Canal et France 2) met l’accent sur le travail visuel autant que narratif. Le travail à partir d’un storyboard ou de références visuelles va permettre de capturer l’essence des idées directrices et avoir une vue d’ensemble sur un scénario qui peut paraître abstrait. …
Merci à nos merveilleux intervenants d’avoir partager leurs précieux conseils aux différents groupes d’étudiants qui seront bientôt dans les rouages des préparatifs de tournage. À vos caméras-stylos ! La 14e édition d’Objectif Censier a officiellement commencé avec vous et vos merveilleux scénarios !
Article écrit par Elisa Gohard