À la découverte du cinéclub Breakfast Club (but at night !)
Le Breakfast Club (but at night…!) est le fruit collaboratif des Cinémas Indépendants Parisiens (CIP) et d’étudiants cinéphiles et cinéphages. Né de la volonté de transmettre les préoccupations jeunes au travers d’un ciné-club itinérant, le Breakfast Club se décline au gré des salles et de sa programmation éclectique et engagée.
Après une première séance consacrée au film Do the right thing de Spike Lee, qui s’est déroulée près des Champs au cinéma Le Balzac, le CIP a posé ses valises et planté ses fleurs à L’Entrepôt, pour le second film du programme Luttes et Révolutions. La projection a été précédée d’un atelier découverte de la sérigraphie, animé par l’artiste Billy Serib, durant lequel nous avons pu imprimer nos affiches personnelles du film.
Le film Les Petites Marguerites, Sedmikrásky en version originale, est un film de la réalisatrice tchèque Vera Chytilová sorti en 1966. Vera Chylilová étudia la philosophie et l’architecture, avant de travailler comme dessinatrice, mannequin, retoucheuse de photos et clapper girl aux Studios Barrandov, principaux studios du cinéma tchèque. Les fragments de cette vie se regroupent en une mosaïque, un vitrail qui compose l’esthétique bariolée et barbouillée du film.
Un film solaire, coloré et doux, dont le visionnage sur grand écran donne l’impression de passer au travers d’une iconoclaste punk-hippie. Le spectacle acidulé et pop comme un bonbon du film contraste néanmoins avec le nihilisme de ses protagonistes. Ce qui finit par nous laisser un goût de « reviens-y » sucré, la volonté de vite retrouver ses jeunes femmes et de ré-apprendre à les connaître.
Les deux Marie se font étendards de révolutions sexuelles, par l’ambiguïté de leur relation, et dans celles qu’elles entretiennent avec les hommes. La lutte des classes sociales et intimes s’incarne dans des corps, qui sont à la fois des outils libérateurs, et qui les asservissent en ogresses insatiables.
S’en est suivie une discussion apaisée et amicale avec les étudiants-fondateurs du ciné-club, qui nous a permis de saisir le film dans toute sa dimension politique révolutionnaire. Dans cet échange nous avons questionné nos rapports contemporains aux images politiques : un film décide-t-il d’être politique, ou le devient-il par la force de son contexte historique ?
Nous avons aussi pu échanger sur ses expérimentations avant-gardistes et précurseures de techniques utilisées plus tard en art-vidéo.
Rendez-vous le 18 janvier 2022 au cinéma de L’Epée de Bois à 20h, pour le film Atlantique de Mati Diop, dernier du programme Luttes et Révolutions.
Article écrit par Nina Destout