Interview Laurent Hagege

Interview de Laurent Hagege, directeur d’exploitation des cinémas Ariel de Rueil-Malmaison

Je vous propose à travers ces quelques lignes une interview du directeur d’exploitation des établissements Ariel, cinémas de la ville de Rueil-Malmaison.  Vous y découvrirez les coulisses d’une salle de cinéma grâce à son expérience !

Quel est votre rôle ? 

Je suis directeur d’exploitation des cinémas Ariel Haut de Rueil et Ariel centre-ville. J’exerce ce métier au sein de cette structure depuis 29 ans et j’arrête la semaine prochaine, vous tombez bien. 

Depuis que vous faites ce métier avez-vous pu observer certains changements ? 

Alors oui en premier des changements numériques, puisqu’on est passé en numérique toutes cabines confondues en 2011, donc on a laissé tomber le 35mm qui était censé perdurer. Mais cette transition s’est faite tout de suite. 

Le public a-t-il changé suite à ces changements ? 

Non, le public ne voyait pas spécialement la différence, il voyait juste un film sur un écran avec je l’espère une bonne définition d’image, une bonne colorimétrie et un bon son. Mais je ne crois pas que le public ait vu la différence au moment de la transition. 

Après, nous on la voit car les copies ne s’usent pas de la même manière. A l’époque, au bout de 3 semaines, les pellicules avaient énormément de poussière, parfois des rayures. Avec le numérique ce genre de soucis n’existent pas. 

À quel type d’exploitation appartient le cinéma Ariel ? Est-il un établissement privé ou public ? 

Ce cinéma fait partie des Moyennes exploitations. Alors pour la deuxième question, on dépend du théâtre André Malraux donc nous sommes une société d’économie mixte (SEM) et le théâtre est dirigé par la Mairie de Rueil-Malmaison. Indirectement on dépend de la mairie. 

La distribution est supervisée par UGC. 

Quels autres cinémas représentent une concurrence pour celui-ci ? 

Le premier est le multiplexe qui a ouvert au moment du covid.Il se situe à Nanterre (je n’ai pas eu l’occasion d’y aller). Sinon le multiplex de La Défense était le seul gros cinéma des alentours. 

Après, on retrouve plein de salles dans les environs, mais je ne peux pas appeler ça de la concurrence. On a énormément de clientèle de proximité qui viennent des villes alentour comme Chatoux ou St Germain en Lay. Il y a des clients qui vont dans ces cinémas de deux, trois, quatre salles plutôt que dans les multiplexes. Si un de ces cinémas n’a pas le film en question, ils n’hésitent pas à se déplacer. 

En prenant en compte vos deux cinémas Ariel sur Rueil, comment êtes-vous considéré ? 

Officiellement, on est considéré comme un seul et même établissement alors qu’on a vraiment deux structures différentes. Donc pour le CNC nous sommes un complexe. 

Au niveau de la programmation nous sommes deux établissements distincts. Alors c’est une drôle d’exploitation, on aurait préféré avoir six salles au même endroit mais ce n’est pas le cas. Tous les frais sont donc multipliés par deux, le personnel, le loyer… 

Les deux cinémas étant dans des zones assez différentes de Rueil, comment décidez-vous des sorties en salles ? 

Il se trouve que la plus grande salle en nombre de siège est en Haut de Rueil avec 350 places donc dès qu’on a un film « populaire » (Star Wars, la reine des neiges, James Bond…) on le met en haut de Rueil. Simplement parce que la jauge est plus grande. 

Après, si on décidait de mettre un James Bond en centre-ville, il fonctionnerait tout aussi bien. Mais autant privilégier la plus grande salle pour ce genre de films. 

On a défini ça avec le temps, donc il se trouve que l’on place les films populaires, familiaux, les blockbusters en Haut de Rueil et ici, en centre-ville, on passe des films un peu plus « élitiste » même si je n’aime pas ce mot. 

Avez-vous le Label Art et Essai ? 

Oui, au centre-ville nous avons le premier Label. Ça veut dire qu’on passe pas mal de films classés Art & essai.

Lequel des deux cinémas fait le plus d’entrées par an (hors Covid)? 

2019 a été une très bonne année mais ce n’est pas notre meilleure année. Je crois que notre meilleure année doit être 2011, l’année d’Intouchables, avec 294 000 entrées en réunissant les deux établissements Depuis, nous sommes plus entre 260 000 et 280 000 entrées. 

Comment vos établissements ont-ils vécu la crise du Covid ? et à combien s’estiment les pertes ? 

On ne peut pas donner de chiffre de perte puisqu’on a été énormément aidé par le département, la ville et les subventions. En même temps, on n’avait plus de charges de personnels donc je serais incapable de chiffrer. Mais outre les pertes monétaires, il y a une perte d’images et une désaffection parce que pour faire revenir les clients ce n’est pas simple. D’autres habitudes ont été prises et le public est à reconquérir.  

Propos recueillis par Romain Dubourg-Ramy