Interview Episode 13: La boscanné

Interview Episode 13: La boscanné, Emile Rannou

Si le genre de l’horreur n’a été représenté que par Episode 13: La Boscanné lors de cette 14ème édition du festival Objectif Censier, il a été mis à l’honneur par l’UFR, Alexandra Moreira Da Silva décernant son prix au film. Emile Rannou, son réalisateur, a répondu à nos questions à propos de son film. 

Questions Générales

Peux-tu te présenter un peu à nos lecteurs? Quelle a été ton expérience dans la création audiovisuelle avant ce projet? 

 

Je suis Emile Rannou, étudiant en cinéma, et j’aime réaliser des films un peu étranges et bizarres. J’aime qu’ils soient horrifiques. Prenants et surprenants. Mais surtout, je fais en sorte qu’ils soient ludiques à regarder. Le plaisir procuré par un film, être simplement spectateur, apprécier le moment, c’est inestimable. Et c’est ce que j’ai envie de créer avec mes petits films. 

 

Pourquoi avoir décidé de participer à l’atelier dans lequel vous avez été?Pouvez-vous nous faire une petite description de son fonctionnement et de son intérêt? Qu’avez-vous pensé du thème Bouche Cousue (inspiration, difficultés, ressource de création, etc.)? En quoi a consisté l’échange que vous avez eu avec le/la professeur chargé de votre atelier, durant toute la construction de votre court-métrage et à sa sortie? 

 

L’atelier que nous avons choisi était le documenteur, autrement dit le faux documentaire. Nous l’avons choisi car il nous permettait de faire de la fiction en utilisant la forme du documentaire. Et même si on était limité à 5 minutes, notre but était de raconter une vraie histoire en bonne et due forme, en pastichant la forme documentaire. Et plus encore, ce genre nous permettait justement de jouer avec la frontière entre fiction et réalité. Lors de nos séances avec Mr. Steinle, les échanges étaient vraiment constructifs. En effet, il aime lui aussi beaucoup le cinéma d’épouvante, et il nous a donné plein d’idées et de conseils pour améliorer notre court métrage. Ça a été la première personne qui a véritablement cru à notre projet. 

 

D’où le sujet du film vous est-il venu? Avez-vous écrit le scénario en groupe ou seul.e?

 

En développant nos idées avec Adrien (Jovelin), on savait qu’on voulait faire un film d’épouvante. L’idée de deux streamers qui vont faire de l’urbex est venue assez rapidement, surtout parce qu’elle permettait de justifier le fait que les deux personnages se filment. Enfin, je suis également amateur d’urbex. J’aime ces explorations nocturnes et riches en sensations. Je me suis toujours dit qu’il y avait un super film d’horreur à faire avec cette pratique ! 

 

Décrivez-nous le casting, les repérages, le prêt/l’achat de matériel, etc. En bref, la préparation du tournage

 

Episode 13 : la boscanné a demandé un grand travail de pré production. J’avais déjà travaillé avec les deux acteurs Mathis (Leralu) et Mia (Traykova) pour un précédent projet, et ils ont tout de suite dit oui quand je leur ai proposé ce film. Ça a été merveilleux de vivre cette aventure avec eux. Pour le lieu de tournage, c’est une connaissance qui nous a mis sur le coup. L’endroit n’était absolument pas entretenu, tout en étant très isolé. C’était absolument parfait. Enfin, le film a majoritairement été tourné à la gopro. Nous avons testé les plans qu’on voulait faire en amont du tournage. Mais la véritable contrainte restait l’éclairage. On ne savait absolument pas comment on allait éclairer ce film car l’endroit était très sombre. C’était une grande inquiétude lors de la préparation du tournage : « est ce qu’on allait y voir quelque chose? ». C’était mission impossible. Mais heureusement, Loris (Aldebert) était là aux lumières, et il a fait un travail incroyable. Quand même, il a éclairé un endroit dans lequel il n’y a pas de lumières. C’est un génie. 

 

A la suite du tournage, comment se sont déroulés étalonnage/montage/création des pièces administratives? 

 

La véritable contrainte de la post-production était le montage du split screen. Il fallait qu’il y ait une synchronisation entre les deux écrans, alors que les deux points de vue ont à chaque fois été filmés séparément. Un vrai casse tête ! En plus de ça, on s’est rendus compte avec la première version que certains éléments de l’intrigue n’étaient pas bien compris. En conséquence, il a fallu modifier certaines choses. Il y a même quelques répliques qu’on a dû rajouter au mixage. Je dirais que ce sont les premières critiques qu’on a eu qui ont véritablement fait évoluer le film jusqu’à ce qu’il obtienne sa forme définitive. 

 

Y a-t-il un secret ou un détail à propos du film que tu veux nous dévoiler? 

 

Je n’en dirais pas plus, mais nous avons en vérité tourné dans 2 lieux différents. Allez, hop, maintenant, vous oubliez. 

 

Quel souvenir gardez-vous du festival ? (en tant que spectateur.trice et comme participant.e dans la présentation d’un film)

 

Une forme de stress mélangée à beaucoup de plaisir. C’était super de découvrir le travail de tout le monde sur grand écran. On s’était tous un peu gardé la surprise en plus, c’est pour ça que c’était super!

Spécifiques

Question que tout le public a dû se poser: qu’est-ce que “la boscanné”? 

 

C’est le véritable nom du lieu dans lequel nous avons tourné ! Ce lieu n’est même pas sur google maps en plus, c’est un endroit vraiment secret! Petite anecdote concernant le titre, celui-ci a été décidé le jour de l’envoi du film. Pendant longtemps, on ne trouvait absolument pas d’idées de nom pour le film. Puis, nous avons décidé de rester simples ; « Épisode 13 : La boscanné ». On trouvait que ça fonctionnait bien. 

 

Une majorité de plans sont filmés de nuit. Comment s’est déroulé le tournage dans ces conditions hivernales et nocturnes? 

 

Les conditions étaient en effet très difficiles. La boue, la pluie, le froid,.. C’était globalement un film très rude à faire, et les conditions de tournage y sont pour quelque chose. Mais on y croyait fort avec l’équipe. On s’est tellement donné dans des conditions pas faciles, qu’au matin on s’est dit qu’on avait peut être réalisé un Apocalypse Now plus modeste. Mais même avec cette complexité, c’était une expérience de tournage incroyable, et on s’en souviendra longtemps. Au matin, le lever du jour avait quelque chose de réconfortant. 

 

Pourquoi avoir choisi la forme du live? Quelles spécificités de ce format souhaites-tu nous expliquer? 

 

Tout d’abord, on trouvait que le live était un angle d’attaque original pour amener la forme documentaire. Puis, elle nous permettait de faire le lien entre le documentaire et la fiction. Avant le tournage, j’ai regardé beaucoup de lives et de vidéos d’urbex. Ce qui était très particulier, à l’écriture comme au tournage, c’était de ne jamais perdre de vue le fait que pendant qu’ils faisaient leur visite, les personnages devaient avoir conscience que plusieurs personnes étaient simultanément en train de les regarder sur internet. Mathis et Alice [les personnages] sont des showmen, ils font beaucoup de regards caméra. Et de fait, lorsqu’ils se rendent compte que quelque chose ne tourne pas rond dans cette maison abandonnée, ils vont réagir plus normalement. C’est cette alternance entre ces deux modes de jeu d’acteur, à la fois live internet et aussi film d’horreur, qui était à travailler dans le court métrage. Mais les deux acteurs ont parfaitement compris ça. 

 

Tu semblais très attaché à la défense des films d’horreur durant ton discours. Peux-tu nous parler un peu plus de cette affection pour ce genre? 

 

Episode 13 : La boscanné est en tout point un film sur notre cinéphilie avec Adrien. Le found footage, le slasher, ou encore le survival, on a vraiment essayé d’inclure dans ce film tout ce qui nous ravit dans le cinéma d’horreur en général. On y a d’ailleurs glissé quelques micros références. C’est un genre à sensation forte, et on voulait relever le défi en essayant de rendre ça crédible. 

 

De la même manière, ce projet semble collectif et issu d’amitiés. Quelles ont été leur importance dans cette conception et la suite du projet? 

 

C’est un film de troupe en effet! À toutes les étapes du film, nous avons rencontré des difficultés. Au tournage comme au montage, il y avait une réelle complexité. Mais il n’y a eu que des personnes absolument formidables qui ont travaillé dessus. Même si ce film représentait un véritable défi, il était très ludique à faire et nous y avons pris beaucoup de plaisir. J’aime ces projets de films parce qu’ils rassemblent. Ce film est vraiment le fruit d’un travail collectif. C’était super. On pourrait faire Épisode 14 sans hésiter, à la seule différence qu’il se passerait en été.

Entretien (écrit) conçu et mené par Océane Boyadjian, Romain Dubourg-Ramy et Isaline Riet–Lesieur.