Interview Eco-Logique, Loris Aldebert
Vainqueur du prix de l’affiche de cette édition, pour son film Eco-Logique, celui qui en est à la source, Loris Aldebert, a bien voulu nous livrer quelques détails sur la création de son court-métrage. Un film qui tente de nous faire réfléchir à notre crédulité et au rapport qu’entretiennent les médias avec notre perception des informations.
Le film s’ouvre et se clôture sur la séquence où le personnage principal se présente. Le spectateur change de regard sur la situation. Pourquoi avoir choisi ce schéma narratif cyclique? Peux-tu nous raconter le tournage de cette séquence particulière.
Le schéma narratif du film est ce sur quoi j’ai fondé le projet, c’est pour ça que j’ai raté le pitch devant l’amphi, j’avais que ça en tête alors que je n’avais pas encore de scénario. Je voulais cette forme particulière pour refléter l’ambition que j’avais avec ce projet : essayer d’aborder différement le principe de la manipulation de l’information. C’est pour ça que je voulais mettre la réponse sous les yeux du spectateur dès le début, pour qu’il se rende compte à la fin de la réalité qu’il connaissait en réalité déjà. C’est un peu comme ça que je vois l’ignorance de beaucoup aujourd’hui : on prend des habitudes de visionnage de plus en plus extrêmes alors on ne voit plus que les grands coups d’éclat. On devient aveugle à l’égard de tout ce qui ne révèle pas de l’extraordinaire, de l’éclatant, du “breaking news”.
On a tourné cette séquence en une fois pour que ce soit le plus cohérent possible et pour tenir au propos du film. Les deux caméras tournaient pendant les sept prises, une capturant Hugo et l’autre capturant l’envers du décor. Finalement, on a pris la deuxième prise je crois.
Le format de la vidéo dans laquelle doit figurer Paul rappelle ceux que l’on peut trouver sur des plateformes et réseaux actuels. Pourquoi as-tu voulu reprendre ce genre-ci dans ton sujet?
Selon moi, les réseaux sociaux ont un pouvoir assez impressionnant qui leur permet de dire ce qu’ils veulent et que nous l’absorbions inconsciemment. On passe nos journées à engloutir de l’information, et entre deux vidéos de chat mignon apparaît un média qui vient donner son avis. C’était important pour moi de parler de ce type d’informations car c’est celles qu’on a devant les yeux tous les jours, en particulier notre génération. Je n’aurais pas pu parler des médias télévisuels de la même manière, car ils ne présentent plus les mêmes enjeux : le personnage de Gregory en est l’exemple, bloqué entre deux mondes.
L’équipe qui vient tourner est composée de deux personnages: un présentateur et une personne chargée des aspects techniques du tournage. Comment as-tu composé ce binôme et quel est son intérêt pour le film selon toi?
Le binôme s’est composé assez naturellement. À l’origine, ils devaient être accompagnés d’une ingé son mais le format a fait qu’elle a finalement disparu car elle ne servait pas à grand chose. Le binôme m’a intéressé car il présente des enjeux annexes assez divers, notamment pour la cheffe opératrice qui oscille constamment entre respecter son professionnalisme et son éthique. Mon équipe et moi avons trouvé que le trio avec Jean fonctionnait plutôt bien, chaque interaction étant ainsi vraiment intéressante.
Réponse supplémentaire:
En raison de nos disponibilités respectives, tout s’est extrêmement précipité. Nous avons tourné deux semaines avant la date de rendu, le samedi de 8h à 17h car certains d’entre nous devions aller au Grand Rex pour assister à la trilogie seigneur des anneaux (en version longue !). C’était un planning extrêmement ambitieux et ainsi un peu frustrant, mais on a fait avec et on peut être d’autant plus fiers du résultat. Même contraintes pour le montage, que nous avons fait en un week-end pour rendre avec 1h de retard (ça va, il était 1h du matin le soir de la Saint-Valentin). Enfin, même histoire pour l’affiche, que j’ai photographiée le jour du rendu, prévenant Hugo quelques heures avant le départ vers le lieu de la photo. Bref, on n’a pas arrêté, mais c’était génial et tout personne ayant participé à cette précipitation générale peut être fière d’elle-même.
Entretien (écrit) conçu et mené par Océane Boyadjian, Romain Dubourg-Ramy et Isaline Riet–Lesieur.