Critique : She Said, Maria Shrader (2022)

Il est temps de parler

She Said

La rédaction d’Objectif Censier avait à cœur de vous parler d’un film symbolique pour l’industrie cinématographique et les nombreux changements qu’elle doit opérer : She Said. 

Ce film suit les deux journalistes du New York Times, Jodie Kantor et Megan Twohey, qui ont décidé d’enquêter et de mettre à la vue du grand public les agissements du producteur Harvey Weinstein auprès des nombreuses femmes avec qui il a pu travailler, ainsi que la complicité des entreprises et grands noms de l’industrie. Plus de 80 femmes l’ont accusé d’abus sexuels sur des faits s’étalant sur plusieurs décennies. A ce jour, Harvey Weinstein a écopé de 23 ans de prison aux Etats-Unis pour agression sexuelle et viol. 

Il m’est apparu comme un devoir d’aller voir ce film. 

J’ai pu suivre de mon point de vue de jeune étudiante française l’affaire Weinstein dans les années 2015/2020 et le hashtag #Metoo qui en a découlé, mais je n’avais sans doute pas toutes les informations à ma portée. Grâce à ce film, on peut suivre chronologiquement chaque étape de l’enquête du New York Times : l’investigation, le doute, les menaces, les découvertes; chaque scène a son importance pour retracer les événements.

Même si toutes les stars citées ne font pas partie du film (comme Gwyneth Paltrow par exemple), certaines ont pris part au combat aussi bien dans le film que dans la vie. C’est le cas par exemple d’Ashley Judd, actrice ayant joué notamment dans Heat en 1995 et Double Jeu en 1999qui est une des premières actrices à accuser publiquement le producteur d’harcèlement sexuel et de sabotage de carrière pour avoir refusé ses avances. Dans le film, elle joue son propre personnage et cela apporte de la force et de la véracité à son témoignage. 

Même si She Said est une fiction, elle retrace de manière très documentarisée les événements qui se sont produits. A noter, les témoignages des femmes sur ce qu’elles ont vécu ne sont pas accompagnés de reconstitutions, mais plutôt d’images assez neutres de lieux, ce qui permet au discours d’être pris au sérieux, d’apporter une certaine solennité et de mettre en lumière le courage des victimes de libérer la parole.

La seule réserve que je pourrais apporter à ce film réside dans le degré d’émotion ressenti. Même si les journalistes ont un devoir de neutralité et d’objectivité, les faits rapportés sont si poignants que le curseur aurait pu être poussé encore plus loin concernant l’émotion et le poids des mots entendus par les deux journalistes. 

Pour conclure, la force de ce film réside dans la démonstration de sororité entre les deux journalistes et les différentes victimes qui se confient à elles. Cette histoire fait partie des plus gros scandales ayant entaché Hollywood et l’industrie cinématographique en elle-même, cela a d’ailleurs valu aux journalistes du New York Times de décrocher le Prix Pulitzer, un prix d’excellence dans le monde journalistique. 

Pour retrouver la bande-annonce du film : 

Un article écrit par Océane Boyadjian.