Compte rendu de la Table Ronde du 9 mars :
Diffuser son court métrage
Ce mois-ci, Objectif Censier a mis à l’honneur la question de la diffusion d’un court métrage. Comment s’y prendre, vers qui se tourner, dans quel contexte ? Autant d’interrogations auxquelles la table ronde du 9 mars dernier aura essayé d’apporter des réponses. Et pour ce faire, Objectif Censier a pu s’entourer pour cet événement d’invité.e.s plus que remarquables avec Rémi Bernard, délégué général de Paris Courts Devant ; Lucie Canistro, chargée des acquisitions court métrage chez UniversCiné ; Anaïs Colpin, chargée de diffusion et de distribution chez Manifest ; Amélie Chatellier, déléguée générale de l’Agence du court métrage et enfin Brigitte Pardo, responsable des acquisitions et des préachats aux programmes courts de Canal+.
Au terme d’une heure et demie de riches et très complets échanges sur la diffusion du court métrage, qu’avons-nous pu retenir ? Mille et une choses, indubitablement, à commencer par l’idée que faire un film peut être appréhendé comme un sport d’équipe. Le parallèle qui a été fait est des plus parlants : en effet avant même de vouloir diffuser le film, il faut le fabriquer ! Facile à dire, moins à faire… Si le court métrage traduit souvent une volonté de créer une œuvre avec davantage de facilité que s’il était question d’un long métrage, les deux formats n’en partagent pas moins des caractéristiques majeures. La première étant de ne pas s’isoler pour faire son film. En dépit de toute volonté d’autonomie, s’entourer de collègues, d’amis, de professionnels est le meilleur moyen d’avoir différents regards pouvant aider à l’élaboration et donc l’amélioration d’une œuvre. D’où l’analogie du sport d’équipe ! L’aspect collectif permet de multiplier les alternatives aux aléas rencontrés, mais permet aussi de voir émerger des idées qu’ à vous seul vous n’auriez pas envisagées.
Qui plus est, et c’est en réalité la différence entre un court et un long métrage, la carrière de votre film court se construit en parallèle de sa fabrication là où un long métrage se voit généralement déjà assuré dans sa diffusion avant même de se voir tourné. La dimension collective s’étend donc bien au-delà de vos collaboratrices et collaborateurs lors du tournage, car c’est en allant chercher des financements auprès du CNC, des régions, des villes ou autres (éventuellement le crowdfunding pour combler les petits manques) que vous faites aussi exister votre projet. Vous côtoyez ainsi des professionnels qui ont pour habitude de travailler sur le court métrage, et qui pourront certainement vous assister de leur regard averti, voire parfois même aller jusqu’à vous accompagner dans la promotion de votre film ou en tout cas vous orienter vers des personnes qui vous aideront en ce sens. En somme, la promotion du court métrage est à considérer très tôt dans votre processus créatif !
Aujourd’hui, avec la démocratisation de l’accès à des plateformes de diffusion mainstream comme YouTube, l’écueil serait de penser qu’il suffit de poster son travail sur la plateforme en croisant fort les doigts pour que le succès suive dans la foulée. Or, sauf coup de veine monumental, le scénario nettement plus probable serait que votre film se retrouve noyé dans l’insondable masse de contenus préexistants et qu’il disparaisse. Vous pouvez toutefois trouver des chaînes spécialisées dans la diffusion de court métrage, comme Short Of The Week, qui agissent comme passerelle entre les créatrices et créateurs de YouTube et les professionnels qui viennent en confiance consulter des chaînes identifiées comme celle-ci. Mais YouTube reste relativement plus piégeur que l’on ne le croit.
Mais comme l’ont grandement souligné nos intervenant.e.s, il existe de nombreuses autres stratégies de diffusion bien plus prometteuses, à commencer par les festivals ! Ce sont les événements les plus bénéfiques aux courts métrages. En y inscrivant, parfois gratuitement, parfois en payant, votre travail, vous l’insérez dans des chaînes de concours et donc de potentielles mises en avant. Avec plus de 70 festivals de courts métrages rien qu’en France, vous avez là de très nombreuses opportunités de tremplin en décrochant des nominations et même des prix ! Les festivals sont qui plus est des lieux de rencontres entre professionnels, autant en création qu’en production ou diffusion. Il faut donc être prêt à s’y déplacer, donner de sa personne pour incarner son film et le faire valoir !
Dans ce même esprit, nos invité.es ont tenu à mettre en avant plusieurs plateformes de dépôt de films permettant de soumettre vos créations à plusieurs comités de sélections. Vous pouvez ainsi vous tourner vers Shortfilmdepot, Filmfreeway, Docfilmdepot et bien d’autres encore pour intégrer vos films dans des circuits de consommation et de sélections très identifiés par le milieu, pour ainsi (dans le meilleur cas) voir votre travail retenu dans le palmarès d’un festival ou de toute autre compétition reconnue qui ne pourra être que bénéfique pour la carrière de votre film. C’est en multipliant vos chances de décrocher des prix que vous pourrez en avoir, et ainsi estampiller votre court métrage des lauriers qu’il aura récoltés, qui sont de véritables arguments de promotion et de vente auprès de futurs partenaires !
En effet une fois le film primé et récompensé, vous pourrez également vous tourner vers des diffuseurs spécialisés dans le court métrage, comme l’Agence du court métrage, Manifest ou la Maison du film, qui non contents de promouvoir votre travail, veilleront aussi à vous promouvoir vous en tant que créatrice et créateur ! Ce qui vous permettra d’établir toujours plus de contacts et facilitera vos futurs projets.
C’est précisément parce que le court métrage est complexe à produire que des diffuseurs comme ceux que nous avons cité existent, et qu’il est essentiel de pouvoir s’intégrer dans ces circuits professionnels. C’est en vous aventurant vers des festivals comme Paris Courts Devant que des distributeurs comme Manifest et l’Agence du court métrage pourront vous repérer et vous mettront en relation avec des chaînes comme Canal+ et des plateformes comme UniversCiné. Nous remercions encore une fois grandement Rémi Bernard, Lucie Canistro, Anaïs Colpin, Amélie Chatellier et Brigitte Pardo pour leur présence, leurs précieux conseils et leur bienveillance, et ne pouvons que vous souhaiter à vous, chères étudiantes et étudiants cinéastes, d’être un jour amené.e.s à les rencontrer !
Rédigé par Mattéo Feragus