Portrait de Justhyss

Portrait de Justhyss, jeune réalisateur

Photogramme de La Flamme, réalisé par Justhyss
« Moi je n’ai pas le vertige, bête et buté, j’apprends des imprévus, des autres et de moi-même. » Justhyss
 
Cette citation reflète le parcours du combattant que doit mener un réalisateur pour que son projet
aboutisse. Et Justhyss, jeune réalisateur originaire du 18e arrondissement de Paris, en est un parfait
exemple.
 
J’ai rencontré Justhyss à l’occasion du tournage de La Flamme, en tant que décoratrice, un court métrage qui devrait partir prochainement sur la route des festivals. 
Quand je me suis demandée de quel.le jeune réalisateur.rice je souhaitais parler, j’ai instantanément pensé à lui. Quand on s’est rencontrés pour commencer la préparation de la déco, j’ai très rapidement senti l’énergie qu’il mettait à réaliser ce projet, que ça lui tenait à cœur. Cela m’a touchée et m’a donné moi aussi l’envie de m’y investir.
 
La Flamme est née environ sept ans avant que Justhyss ait pu le tourner. 
Durant l’année de son bac, habitué des fêtes parisiennes, il a l’idée de mettre en lumière la rencontre de différents personnages. Un briquet passe de main en main, et lie leurs destins fragiles, c’est l’étincelle. 
 
Il propose plus tard une première version de son scénario, dans le but de le réaliser, lors de sa seconde année à l’EICAR, mais sa demande n’aboutira pas. Il tentera à nouveau deux fois de la réaliser, mais sans succès. Cela est dû en partie à une faute de moyens, mais je suis convaincue que ce n’en était pas l’unique raison. 
Après m’être entretenue avec lui, avec le recul qu’il a maintenant, on se rend bien compte que ce n’était tout simplement pas le bon moment. Pendant ces sept années, il a pu enchaîner les petits boulots, transmettre sa passion pour le cinéma à des jeunes de son quartier, monter une association… se donner les armes nécessaires pour faire vivre et donner de l’épaisseur à l’histoire qu’il voulait raconter. Il ajoute lui-même : « Je ne suis plus la même personne. Plusieurs fois je n’étais pas prêt. Je connais maintenant l’échec et je pense avoir la maturité nécessaire pour aller à l’essentiel, faire des choix, et ne plus le craindre. Avec le recul, je n’aurais sans doute pas été capable de diriger une équipe ou bien des comédiens. »
 
Réaliser son film, c’est y mettre beaucoup de soi. La personnalité du réalisateur ressort à la fois à travers ses choix de mise en scène et les sujets qu’il aborde mais, c’est aussi une grande part de lui-même qui est investie dans la manière de produire son court métrage. En effet, un film se construit grâce à la collaboration d’une équipe. Un réalisateur ne porte pas son projet seul, il y a derrière lui des techniciens, des producteurs et plein d’autres personnes. 
À plusieurs reprises, Justhyss met en avant l’importance de bien s’entourer. « Bien s’entourer », c’est à la fois choisir des personnes motivées par le projet, partageant une sensibilité artistique certaine, mais aussi des gens avec qui le courant passe humainement parlant. 
Sans certaines rencontres, le projet n’aurait pu exister. C’est tout d’abord celle avec Cédric et Mehdi, respectivement conseiller à la jeunesse du 18e et producteur. Ils fondent ensemble l’association « Sur Les Rails » et plus récemment, la boîte de production du même nom. C’est ensuite celle avec trois de ses acteurs principaux, Olivier Dussautel, Patrick Mendy et Frédéric Bukolé, qui ne manqueront pas de répondre à l’appel quand le tournage se concrétisera. 
Yvan, son premier assistant, qu’il rencontre en retournant à l’EICAR, sera aussi un acteur clé dans ce projet. Justhyss souligne la façon dont il est devenu son bras droit, la façon avec laquelle il a su le rassurer, prendre l’organisation en main.  Mais c’est sans oublier tout le reste de l’équipe, une équipe jeune et animée par la volonté de raconter des histoires en image. À la fin du tournage, Justhyss s’adresse à l’équipe avec pudeur mais enthousiasme : « si c’était à refaire, je le referais avec vous. »
 
Après le tournage, la post-production n’a pas été de tout repos. Le montage s’est fait à distance. Marin, le monteur, et Justhyss ont dû réussir à communiquer et composer à distance lors du premier confinement. Ensuite le premier mixage son fut un échec, il a donc fallu retrouver une autre personne. Mais le film est aujourd’hui fini, le réalisateur en est fier et il me tarde de voir le résultat. Ce film n’est qu’un début, deux documentaires ainsi que deux courts métrages sont en préparation. Avec la société de production, Justhyss espère pouvoir réaliser de nombreux autres projets, de « pouvoir faire des films comme on le veut, dans les meilleures conditions possibles pour l’équipe ».
 
Pour finir, Justhyss ajoute : « il faut arrêter de courir après les producteurs pour faire naître son premier film, plein d’autres alternatives sont possibles ». L’important c’est de bien s’entourer, tout au long de son projet. Les rencontres sont précieuses. 
 
Pour conclure j’aimerais ajouter qu’être réalisateur ce n’est pas seulement être un chef d’orchestre, décider de la mise en scène ou bien diriger les acteurs, c’est avant tout réunir des gens autour d’un même projet, d’une même passion. Un film n’appartient pas à une seule personne, c’est un projet fait à l’unisson.
 
 
 
                                                                                                                                                                                    Rédigé par Lisa Guetrot